Traversée des alpes à ski

7 semaines de ski de randonnée et de camping hivernal d'Innsbruck à Chamonix


Notre voyage a été rendu possible 
grâce au soutien de 
Dynafit et Alpenheat

Merci beaucoup ❤️


Sept semaines de ski de randonnée: se réveiller chaque matin, lutter pour enfiler des bottes gelées et démonter une tente recouverte de glace. Accepter la météo telle qu’elle est, passer des journées entières dans un brouillard total, être renversé par des rafales de vent de 120 km/h, et attendre les tempêtes dans des refuges alpins ou, plus souvent, sur les canapés des habitants de la vallée. Mais aussi, sept semaines d’émerveillement devant des paysages en constante évolution, d’être chaque jour ébloui par la beauté des montagnes enneigées. Un voyage façonné par la générosité des gens et des rencontres incroyables avec des personnes inspirantes. Des conflits avec les employés des chemins de fer suisses, des nuits passées dans des étables à chèvres, et des journées à grignoter des sucreries dans les entrées des supermarchés. Sept semaines d’aventure pure et brute, c’est “Traverser les Alpes”, l’histoire de Hugo et Linus traversant la Suisse à skis.


Notre voyage a été rendu possible 
grâce au soutien de 
Dynafit et Alpenheat


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Comment tout a commencé

L’histoire commence il y a environ un an, lorsque Hugo et moi nous sommes rencontrés au Svalbard. Cherchant tous deux à échapper aux emplois du temps monotones de l’université, nous avons atterri tout au nord, sur cette île de l’Arctique. Moi, étudiant en glaciologie et en sciences de la neige, et Hugo, suivant des cours de guide arctique. Rapidement, nous sommes devenus des compagnons de ski inséparables et avons décidé de planifier quelque chose pour l’hiver suivant, lorsque nous serions tous deux de retour sur le continent européen. Ce “quelque chose” s’est transformé en une traversée de deux mois des Alpes suisses. Après une période de planification intensive durant tout l’automne, le premier février, nous nous sommes retrouvés avec des sacs à dos de 26 et 29 kg respectivement (jusqu’à 50 $\%$ de notre poids corporel), prenant un bus depuis Innsbruck pour rejoindre la neige et commencer notre aventure.

Au départ en Autriche, nous étions envahis par le stress. C’était sans conteste l’aventure la plus audacieuse que nous avions osé entreprendre. Deux mois à défier les montagnes, à dormir dehors dans la neige et à naviguer dans les montagnes en faisant face aux risque d'avalanches semblaient terrifiants, surtout avec notre expérience limitée sur les raids à ski de randonnée sur plusieurs jours. En plus, nous avions décidé de documenter cette épopée pour réaliser un film, un sujet pour lequel nous n’avions aucune d’expérience. Heureusement, Matteo, un ami rencontré au Svalbard, nous accompagnait pour la première semaine. Sa présence, empreinte de calme et d’humour, a su apaiser nos angoisses.

Une autre question à laquelle nous avions très peur de répondre était de savoir si les genoux d'Hugo tiendraient le coup, puisqu'il avait contracté une double tendinite aux deux genoux quelques mois avant le voyage, et malgré tous ses efforts pour aller chez le physio chaque semaine et s'entraîner lentement, nous n'étions pas sûrs de la façon dont ils réagiraient à ce genre de charge. Nous avons donc décidé de commencer la première journée au glacier de Stubai par une télécabine afin d'augmenter progressivement l'effort. Malgré tout, les deux premiers jours après Sölden ont été assez difficiles. J'ai cassé un bâton dès le premier jour et il fallait définitivement quelques jours pour s'habituer à skier avec les lourds sacs à dos - même les descentes étaient sacrément éprouvantes.

Mais malgré les défis, notre niveau de confiance a été renforcé par les premiers succès, et c'est avec un grand sourire que nous avons entamé le deuxième tronçon, de Vent à Reschen. Après quelques problèmes de navigation et un grand détour parce que notre premier choix d'itinéraire comprenait une section de via ferrata enneigée, nous nous sommes retrouvés dans le local d'hiver de la Vernagthütte, où nous avons rencontré Eva et Max, qui faisaient également un voyage à ski et connaissaient suffisamment bien la région pour nous aider à élaborer un plan alternatif pour descendre dans la vallée de Langtauferer. Les deux jours suivants, nous avons bénéficié d'un temps magnifique et avons profité de notre séjour sur les pistes Guslar-, Kesselwand- et Gepatschferner, pour atteindre le Weißseespitze à 3532 mètres d'altitude. Après avoir descendu en bottes une crête rocheuse abrupte et skié hors de l'horrible neige croûtée, nous avons dû dire au revoir à Matteo, qui prenait un train pour rentrer en France.

Hugo et moi sommes restés dans la vallée de l'Inn chez un couple que nous avions contacté à l'avance. Nous avons commencé à réfléchir à notre prochaine section et nous avons rapidement rencontré un problème. Nous ne nous sentions pas à l'aise avec l'itinéraire que nous avions initialement prévu, passant par le Jamtalferner et le Silvrettagletscher. N'étant que deux personnes dans la cordée, et ayant vu les glaciers encore peu remplis en ce début de saison, nous avons décidé de ne pas prendre le risque, et d'emprunter plutôt le Vereinapass un col libre de glace, pour rejoindre Klosters.


Fiasco sur le Vereinapass

Mais c'est alors que le désastre a frappé ! Comme je me sentais un peu malade le premier jour, nous ne sommes pas allés assez loin pour trouver un bon camping et nous avons dû nous contenter de la partie la plus large de la vallée que nous pouvions atteindre. Nous nous sommes fiés aux prévisions météorologiques, qui annonçaient une nuit claire avec des températures négatives. Mais vers minuit, nous nous sommes réveillés avec la pluie qui tombait sur la tente, le peu de confort que nous avions disparu, laissant place à la peur car nous avons tous les deux compris que cela signifiait que la neige au-dessus de nous pouvait s'infiltrer et provoquer une avalanche de neige mouillée qui nous ensevelirait vivants ! Nous avons commencé à vérifier régulièrement la consistance des précipitations et à partir de ce moment-là, il est devenu impossible pour chacun d'entre nous de se rendormir. A un moment donné, Hugo s'est réveillé en criant « Linus avalanche ! » car son cerveau fatigué avait confondu le bruit d'un avion avec celui d'une avalanche. Comme les précipitations se transformaient lentement en flocons de neige solides, nous avons décidé de passer la nuit sur place et de nous lever tôt le lendemain matin, avant que le soleil ne frappe la pente fraîchement chargée et déjà quelque peu humide. Mais ayant eu si peu de sommeil pour me remettre du début de ma maladie, je me suis sentie très mal le lendemain. Hugo avait lui aussi mal au ventre, et ensemble nous avons progressé très lentement, nous traînant avec nos gros sacs à dos vers le bas de la montagne. Ce devait être un spectacle pitoyable !

6 heures plus tard, nous sommes arrivés à la gare de la vallée. Après avoir été accueillis par un employé des chemins de fer très antipathique qui a pris notre léthargie comme un affront personnel et nous a menacés de faire appel à la police suisse, nous avons passé une bonne partie de la journée dans les salles d'attente des gares, à essayer de trouver un endroit où passer la nuit. Dans l'après-midi, nous avons finalement réussi à obtenir le contact de quelqu'un qui était prêt à nous laisser dormir dans son appartement à Klosters pour le week-end. En arrivant, Hugo s'est effondré sur le sol à cause de l'épuisement et de l'incapacité à récupérer tout au long de la journée. Il présentait de sérieux symptômes d'hypothermie et ne s'est levé pour prendre une douche chaude qu'après deux heures passées à l'envelopper dans des couvertures et à pousser le chauffage au maximum dans notre chambre. Les trois jours suivants, nous avons essayé de récupérer du mieux que nous pouvions, mais je n'étais pas en mesure de digérer la moindre nourriture, et je me sentais donc toujours extrêmement faible et pas en état d'attaquer la section suivante. Nous avons décidé de prendre du recul par rapport au projet, de rentrer à la maison pour quelques jours, de récupérer correctement et d'alléger un peu nos sacs à dos avant de nous réunir à nouveau et de repartir.

Fiasco sur le Vereinapass

Mais c'est alors que le désastre a frappé ! Comme je me sentais un peu malade le premier jour, nous ne sommes pas allés assez loin pour trouver un bon camping et nous avons dû nous contenter de la partie la plus large de la vallée que nous pouvions atteindre. Nous nous sommes fiés aux prévisions météorologiques, qui annonçaient une nuit claire avec des températures négatives. Mais vers minuit, nous nous sommes réveillés avec la pluie qui tombait sur la tente, le peu de confort que nous avions disparu, laissant place à la peur car nous avons tous les deux compris que cela signifiait que la neige au-dessus de nous pouvait s'infiltrer et provoquer une avalanche de neige mouillée qui nous ensevelirait vivants ! Nous avons commencé à vérifier régulièrement la consistance des précipitations et à partir de ce moment-là, il est devenu impossible pour chacun d'entre nous de se rendormir. A un moment donné, Hugo s'est réveillé en criant « Linus avalanche ! » car son cerveau fatigué avait confondu le bruit d'un avion avec celui d'une avalanche. Comme les précipitations se transformaient lentement en flocons de neige solides, nous avons décidé de passer la nuit sur place et de nous lever tôt le lendemain matin, avant que le soleil ne frappe la pente fraîchement chargée et déjà quelque peu humide. Mais ayant eu si peu de sommeil pour me remettre du début de ma maladie, je me suis sentie très mal le lendemain. Hugo avait lui aussi mal au ventre, et ensemble nous avons progressé très lentement, nous traînant avec nos gros sacs à dos vers le bas de la montagne. Ce devait être un spectacle pitoyable !


6 heures plus tard, nous sommes arrivés à la gare de la vallée. Après avoir été accueillis par un employé des chemins de fer très antipathique qui a pris notre léthargie comme un affront personnel et nous a menacés de faire appel à la police suisse, nous avons passé une bonne partie de la journée dans les salles d'attente des gares, à essayer de trouver un endroit où passer la nuit. Dans l'après-midi, nous avons finalement réussi à obtenir le contact de quelqu'un qui était prêt à nous laisser dormir dans son appartement à Klosters pour le week-end. En arrivant, Hugo s'est effondré sur le sol à cause de l'épuisement et de l'incapacité à récupérer tout au long de la journée. Il présentait de sérieux symptômes d'hypothermie et ne s'est levé pour prendre une douche chaude qu'après deux heures passées à l'envelopper dans des couvertures et à pousser le chauffage au maximum dans notre chambre. Les trois jours suivants, nous avons essayé de récupérer du mieux que nous pouvions, mais je n'étais pas en mesure de digérer la moindre nourriture, et je me sentais donc toujours extrêmement faible et pas en état d'attaquer la section suivante. Nous avons décidé de prendre du recul par rapport au projet, de rentrer à la maison pour quelques jours, de récupérer correctement et d'alléger un peu nos sacs à dos avant de nous réunir à nouveau et de repartir.

Une seconde tentative

Une semaine plus tard, et nous sentant beaucoup plus en forme, nous nous sommes retrouvés à Sagliains, la même gare que celle où nous étions redescendus, complètement épuisés une semaine aupravant. Mais cette fois-ci, comme nous n'avions pas envie de retenter notre chance avec le Vereinapass, nous avons décidé de partir directement vers Davos en passant par le Flüelapass. Nous avons également décidé de laisser notre matériel de glacier à la maison pour le moment, afin d'économiser du poids jusqu'à ce que nous soyons de nouveau sur les glaciers lors des deux dernières semaines de la Haute Route. Bien que cela n'ait finalement fait que quelques kilos de différence, cela a fait toute la différence, et maintenant que nous n'avions plus que 23 kg chacun, nous avons pu progresser beaucoup plus rapidement. Après une nuit à Davos, nous nous sommes dirigés vers Arosa, mais comme à ce moment-là, la neige tombait depuis 3 jours, et que nous n'avions pas de moyen sûr de continuer, nous avons décidé de rester légèrement au-dessus de la ville, et de profiter de la poudreuse pendant quelques jours :D


Après deux jours passés à jouer dans la poudreuse et à atterrir plusieurs fois la tête en bas, nous avions tous les deux le sourire jusqu'aux oreilles, mais nous n'avions plus rien à manger et nous avons donc dû nous rendre en ville. Après avoir satisfait notre faim avec du chocolat et du fromage suisse, nous avons commencé à chercher un endroit où passer la nuit. Comme nous n'avons pas eu de chance avec Couchsurfing ou WarmShowers cette fois-ci, nous avons dû trouver un autre moyen. Malgré m'a rétiscence initiale, Hugo m'a convaincu d'aller frapper aux portes des gens, et je suis heureux que nous l'ayons fait. La toute première porte chez qui nous avons frappée était celle d'un vieux couple local, qui était heureux de nous laisser dormir dans leur sous-sol. Non seulement nous avons pu y faire sécher et recharger tout notre matériel, mais nous avons également passé une matinée géniale à discuter de la ville et des montagnes en buvant un café et mangeant des vienoisiries avec eux. Merci beaucoup, Monsieur et Madame Engel!

Commençant un peu plus tard que prévu, mais bien nourris avec leur brioche maison, nous nous sommes mis en route vers Lenzerheide, puis vers Thusis, où nous avions un autre séjour planifié avec une famille d'accueil. Nous avons découvert par hasard que nos hôtes étaient également des randonneurs à ski et que nous avions envisagé le même sommet que celui que nos hôtes voulaient faire pour la journée. Nous nous y sommes donné rendez-vous et, après une longue descente commune dans des conditions printanières, ils nous ont emmenés en voiture jusqu'à leur maison, de l'autre côté de la vallée déjà verdoyante. Nous avons vraiment apprécié de passer deux jours avec eux à cuisiner, à jouer à des jeux de société et à visiter une exposition d'art dans la vallée, alors que les fortes précipitations nous empêchaient de poursuivre la randonnée.

Initialement, l'idée était de continuer vers l'ouest pour la section suivante, en traversant le plateau de la Greina, et de finir dans la vallée à Disentis, mais les prévisions météorologiques continuaient à ne pas être très encourageantes. Avec 140cm de neige fraîche et des rafales de vent allant jusqu'à 150km/h, nous avons décidé de ne pas nous diriger vers ce qui nous semblait être un piège mortel et d'attendre le reste de la tempête chez la soeur d'Hugo à Lugano. 3 jours plus tard, les prévisions d'avalanche étant toujours de 4 et la neige ne semblant pas vouloir se calmer, c'est le cœur lourd que nous avons décidé de sauter cette section et de continuer à partir de Disentis, où nous pourrions rester sur les pentes en station de ski pendant les deux jours suivants jusqu'à ce que nous sentions que la situation avalancheuse était à nouveau gérable.

Après avoir traversé l'Oberalppass et slalomé entre les touristes lors la descente vers Andermatt, nous étions en route vers le Furkapass et donc à nouveau hors de la civilisation. Nous avons passé une nuit à l'entrée d'un transformateur couvert et une autre dans une étable à chèvres vide, car à ce stade nous avions tous deux gelées nos mains en montant et démontant la tente suffisament de fois pour être motivé à chercher d'autres options pour dormir le soir. Pendant toute une journée, nous sommes montés en direction du col de la Furka avec une visibilité quasi nulle, en adaptant le cap tous les dix pas avec la montre GPS. Mais ensuite, nous avons eu de la chance avec la météo! Les jours suivants, notre plus grande préoccupation a été de ne pas attraper de coups de soleil, et nous avons eu une journée formidable et assez technique vers le Tällistock. Pour la première fois, nous avons eu le sentiment de devoir collecter des informations supplémentaires pour la sécurité d'avalanches sur place, en creusant des profils de neige et en nous assurant mutuellement dans les parties les plus difficiles. Jusqu'à ce moment-là, soit nous avions des conditions locales très claires et sans danger, soit le risque était tellement élevé que nous restions dans la vallée ou sur un terrain assez facile. Même si nous avons tous les deux pris beaucoup de plaisir à être mis à l'épreuve de cette manière, nous sommes contents d'avoir bénéficié de conditions d'avalanche aussi sûres et simples pendant une grande partie de la randonnée, où nous n'avons pas eu à faire cet effort régulièrement.

Après notre nuit la plus froide, à -22°C, nous nous sommes lancés dans la descente vers la vallée du Rhône. On nous l'avait décrite comme une descente géniale et facile avec 1400 mètres de dénivelé, mais à cause des journées chaudes et ensoleillées et des nuits glaciales précédentes, la neige était recouverte d'une croûte horrible, dans laquelle nous nous enfoncions à chaque virage. Nous nous sommes battus pour avancer et ne pas désespérer de la pente. À ce moment-là, nous avions normalement pris le coup de main pour descendre avec les gros sacs à dos, mais ce jour-là, nous étions tous les deux contents d'arriver dans la vallée avec les orteils gelés, mais au moins sans blessure sérieuse.

3 jours de visite


Nous avons pu réchauffer nos orteils froids dans le train, car Kyle, un ami nord-américain, avait trois jours libre avant de commencer son travail en Autriche, et nous avons décidé de nous retrouver à mi-chemin pour skier en-semble pour un week-end. L'idée était de se retrouver quelque part entre Thusis et Disentis et de rattraper ainsi une partie de la section que nous avions sautée plus tôt, mais la météo n'était de nouveau pas très favorable. Nous avons été renversés par des rafales de 120 km/h et nous nous sommes sentis obligés de nous rappeler certaines de nos randonnées à ski au Svalbard. Après quelques heures à essayer de trouver quelque chose de plus ou moins à l'abri du vent, nous avons abandonné et avons simplement passé une bonne soirée dans le refuge, où nous avons bavardé jusque tard dans la nuit.


Après que Kyle ait dû se mettre en route pour l'Autriche, nous avons pris le train pour Brigue, où deux grimpeurs super sympathiques nous avaient invités à passer la nuit chez eux. Après une semaine sans douche ni machine à laver, c'était un sentiment génial d'arriver quelque part et de retrouver un niveau de puenteur supportable. C'était également important d'avoir quelques jours pour nous préparer à la semaine à venir : la "Haute-Route des Alpes" de Zermatt à Chamonix, sans doute la traversée à ski la plus renommée d'Europe, voire du monde. Nous avons pu récupérer notre matériel de glacier à la poste, nous avons fait le plein de crème solaire et de snacks et, surtout, nous avons téléphoné à quelques guides de montagne locaux pour obtenir des informations actualisées sur les conditions sur les glaciers. C'est également pour compenser le poids supplémentaire que nous avons décidé de laisser la tente sur place et de compter plutôt sur les salles d'hiver des refuges et sur le beau temps. 

À notre grande consternation, deux jours seulement avant d'avoir repéré une belle fenêtre météo, un groupe de six personnes qui s'entraînait pour la "patrouille des glaciers", une course de ski de randonnée, a été pris dans une tempête et a perdu la vie sur notre itinéraire. Cela nous a rappelé le danger inhérent au ski de randonnée et à la haute montagne et ne nous a pas laissé de marbre, au contraire: nous nous sommes longuement demandés si nous étions suffisamment préparés. Mais nous avons conclu le lendemain qu'avec la fenêtre météo parfaite qui s'annonçait, notre préparation, notre expérience et notre équipement, nous nous sentions prêts à affronter cette dernière partie, la plus difficile, de notre voyage.

3 jours de visite

Nous avons pu réchauffer nos orteils froids dans le train, car Kyle, un ami nord-américain, avait trois jours libre avant de commencer son travail en Autriche, et nous avons décidé de nous retrouver à mi-chemin pour skier en-semble pour un week-end. L'idée était de se retrouver



quelque part entre Thusis et Disentis et de rattraper ainsi une partie de la section que nous avions sautée plus tôt, mais la météo n'était de nouveau pas très favorable. Nous avons été renversés par des rafales de 120 km/h et nous nous sommes sentis obligés de nous rappeler certaines de nos randonnées à ski au Svalbard. Après quelques heures à essayer de trouver quelque chose de plus ou moins à l'abri du vent, nous avons abandonné et avons simplement passé une bonne soirée dans le refuge, où nous avons bavardé jusque tard dans la nuit.

Après que Kyle ait dû se mettre en route pour l'Autriche, nous avons pris le train pour Brigue, où deux grimpeurs super sympathiques nous avaient invités à passer la nuit chez eux. Après une semaine sans douche ni machine à laver, c'était un sentiment génial d'arriver quelque part et de retrouver un niveau de puenteur supportable. C'était également important d'avoir quelques jours pour nous préparer à la semaine à venir : la "Haute-Route des Alpes" de Zermatt à Chamonix, sans doute la traversée à ski la plus renommée d'Europe, voire du monde. Nous avons pu récupérer notre matériel de glacier à la poste, nous avons fait le plein de crème solaire et de snacks et, surtout, nous avons téléphoné à quelques guides de montagne locaux pour obtenir des informations actualisées sur les conditions sur les glaciers. C'est également pour compenser le poids supplémentaire que nous avons décidé de laisser la tente sur place et de compter plutôt sur les salles d'hiver des refuges et sur le beau temps. 

À notre grande consternation, deux jours seulement avant d'avoir repéré une belle fenêtre météo, un groupe de six personnes qui s'entraînait pour la "patrouille des glaciers", une course de ski de randonnée, a été pris dans une tempête et a perdu la vie sur notre itinéraire. Cela nous a rappelé le danger inhérent au ski de randonnée et à la haute montagne et ne nous a pas laissé de marbre, au contraire: nous nous sommes longuement demandés si nous étions suffisamment préparés. Mais nous avons conclu le lendemain qu'avec la fenêtre météo parfaite qui s'annonçait, notre préparation, notre expérience et notre équipement, nous nous sentions prêts à affronter cette dernière partie, la plus difficile, de notre voyage.

La Haute-Route: un dernier défi


Depuis Zermatt, nous nous sommes rendus à la cabane de Schönbiel, car nous ne voulions pas prendre la télécabine du Matterhorn Express, qui raccourcit généralement la première journée. Le lendemain, en commençant juste sous la majestueuse face nord du Cervin, nous avons repéré un groupe de 8 skieurs sur le glacier, ce qui a rendu la progression assez facile, en suivant leurs traces, et en sachant que les crevasses avaient été fraîchement testées ce jour-là. En serpentant sous d'impressionnants séracs et entre d'effrayantes crevasses, nous nous sommes dirigés vers le point le plus haut du voyage, la Tête Blanche à 3711m. A partir de là, une descente douce sur le Glacier du Mont Miné nous a conduit vers la dernière petite montée de la journée jusqu'à la Cabane Bertol.

À partir de là, nous avions prévu de descendre vers Arolla, mais quelque chose n’allait pas avec la chaussure de Hugo, et en y regardant de plus près, nous avons découvert que le câble du système de serrage de la chaussure avait cassé. Comme il était déjà tard, nous avons décidé de rester au majestueux refuge et d'essayer de réparer la chaussure avant d'entreprendre la descente le lendemain. En parlant de notre voyage et de leur expérience au refuge, nous nous sommes liés d'amitié avec les deux gérants du refuge, Stéphane et Florence, qui ont été super gentils et ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour nous remettre sur les rails. En retour, et comme nous ne voulions pas skier une nouvelle fois sur une croûte de glace, nous avons décidé de rester au refuge pour la matinée, et d'aider les deux à nettoyer la cabane et réparer leur station météo. Malheureusement, nous n'avons pas pu réparer la chaussure, mais ils nous ont donné le contact d'un magasin de sport à Arolla qui pourrait peut-être nous aider.

Après une descente difficile avec la chaussure d'Hugo serrée par des Voile Straps, nous sommes arrivés à Arolla et avons pu demander de l'aide à Bournissen Sports pour la chaussure. Grâce à la gentillesse des gens de Bournissen Sports et au génial support client de Dynafit, nous avons pu remplacer la chaussure directement. Merci beaucoup! 

Cependant, le temps que que nous fassions tout cela, il était déjà assez tard et nous devions réfléchir à où nous passerions la nuit suivante. Comme il pleuvait en ville, nous commencions à nous inquiéter, surtout que nous avions laissé la tente derrière nous. Heureusement, nous avons rencontré un jeune groupe d'amis dans la petite épicerie d'Arolla, qui passaient leur week-end de ski annuel ensemble, et après avoir entendu notre histoire, ils nous ont invités à leur soirée raclette, enfin une vraie expérience suisse.


Le lendemain, nous avons commencé avec un léger mal de tête, et un peu plus tard que prévu, mais malgré tout, nourris de raclette, nous avons couru dans la montagne comme jamais auparavant. Même si nous ne sommes sortis de la station de ski que vers midi, quelques heures plus tard, nous nous sommes retrouvés au pied d'une dernière montée dans un couloir raide, pour atteindre le "bivouac igloo des pantalons blancs", notre cabane pour la nuit. Nous sommes arrivés juste au coucher du soleil et avons profité de la vue majestueuse qui s'étendait du Cervin au Massif du Mont Blanc du mieux que nous pouvions, car nous savions que le temps serait plutôt maussade pour les deux jours à venir. Pour cette même raison, le lendemain, nous nous sommes contentés d'une petite mission, en skiant quelques couloirs et des pentes plus raides qui avaient attiré notre attention la veille.


En descendant la pente vers la vallée le lendemain, nous étions vraiment excités par la bonne neige dans la moitié supérieure des 1800m de dénivelé, mais en atteignant les pentes inférieures, la neige avait été mouillée par la pluie la veille et là où il en restait, elle s’était pratiquement transformée en glace. Nous avons à moitié dérapé, à moitié descendu à pied et étions vraiment heureux lorsque nous avons finalement atteint un arrêt de bus à Lourtier. Avec seulement quelques jours restants pour le voyage, nous avons pris un bus pour Champex, pour commencer notre toute dernière section vers Chamonix à partir de là.

Après une descente difficile avec la chaussure d'Hugo serrée par des Voile Straps, nous sommes arrivés à Arolla et avons pu demander de l'aide à Bournissen Sports pour la chaussure. Grâce à la gentillesse des gens de Bournissen Sports et au génial support client de Dynafit, nous avons pu remplacer la chaussure directement. Merci beaucoup! 

Cependant, le temps que que nous fassions tout cela, il était déjà assez tard et nous devions réfléchir à où nous passerions la nuit suivante. Comme il pleuvait en ville, nous commencions à nous inquiéter, surtout que nous avions laissé la tente derrière nous. Heureusement, nous avons rencontré un jeune groupe d'amis dans la petite épicerie d'Arolla, qui passaient leur week-end de ski annuel ensemble, et après avoir entendu notre histoire, ils nous ont invités à leur soirée raclette, enfin une vraie expérience suisse.



Le lendemain, nous avons commencé avec un léger mal de tête, et un peu plus tard que prévu, mais malgré tout, nourris de raclette, nous avons couru dans la montagne comme jamais auparavant. Même si nous ne sommes sortis de la station de ski que vers midi, quelques heures plus tard, nous nous sommes retrouvés au pied d'une dernière montée dans un couloir raide, pour atteindre le "bivouac igloo des pantalons blancs", notre cabane pour la nuit. Nous sommes arrivés juste au coucher du soleil et avons profité de la vue majestueuse qui s'étendait du Cervin au Massif du Mont Blanc du mieux que nous pouvions, car nous savions que le temps serait plutôt maussade pour les deux jours à venir. Pour cette même raison, le lendemain, nous nous sommes contentés d'une petite mission, en skiant quelques couloirs et des pentes plus raides qui avaient attiré notre attention la veille.

En descendant la pente vers la vallée le lendemain, nous étions vraiment excités par la bonne neige dans la moitié supérieure des 1800m de dénivelé, mais en atteignant les pentes inférieures, la neige avait été mouillée par la pluie la veille et là où il en restait, elle s’était pratiquement transformée en glace. Nous avons à moitié dérapé, à moitié descendu à pied et étions vraiment heureux lorsque nous avons finalement atteint un arrêt de bus à Lourtier. Avec seulement quelques jours restants pour le voyage, nous avons pris un bus pour Champex, pour commencer notre toute dernière section vers Chamonix à partir de là.

Chamonix!!!


La dernière grande ascension de Champex au Plateau du Trient nous a permis de nous remémorer les 7 dernières semaines que nous avons passées ensemble dans ce voyage. Quel projet nous avions réussi à accomplir. Nous sommes passés de penser, que ce voyage n'était pas possible, lorsque nous avons soulevé nos sacs à dos pour la première fois, à une situation où nous savourions la vue sur l'incroyable Massif du Mont Blanc, sachant que nous allions terminer ce jour-là ce voyage de deux mois. Bien que nous ayons planifié et préparé ce voyage avant de chausser nos skis, il nous a toujours semblé un peu trop grand, trop ambitieux et trop d'incertitudes semblaient se dresser sur notre chemin pour que nous puissions dire avec certitude que nous arriverions à Chamonix. Se retrouver soudainement (et c'est ce que nous avons ressenti) au sommet du Col du Chardonnet, pour une une dernière descente sur le glacier de l'Argentière, de notre destination finale, a été une expérience intense pour nous deux. 


D'une part, bien sûr, il y avait la joie pure de "l'avoir fait", d'avoir réussi à réaliser cette idée folle qui était la nôtre, d'avoir prouvé que nous avions raison d'être ambitieux. D'autre part, à force de passer autant de temps à l'extérieur, nous nous étions habitués à ce rythme, et nous étions tous deux effrayés et quelque peu réticents à l'idée de retourner dans le monde civilisé et de reprendre notre emploi du temps habituel à temps plein.

Chamonix!!!


La dernière grande ascension de Champex au Plateau du Trient nous a permis de nous remémorer les 7 dernières semaines que nous avons passées ensemble dans ce voyage. Quel projet nous avions réussi à accomplir. Nous sommes passés de penser, que ce voyage n'était pas possible, lorsque nous avons soulevé nos sacs à dos pour la première fois, à une situation où nous savourions la vue sur l'incroyable Massif du Mont Blanc, sachant que nous allions terminer ce jour-là ce voyage de deux mois. Bien que nous ayons planifié et préparé ce voyage avant de chausser nos skis, il nous a toujours semblé un peu trop grand, trop ambitieux et trop d'incertitudes semblaient se dresser sur notre chemin pour que nous puissions dire avec certitude que nous arriverions à Chamonix. Se retrouver soudainement (et c'est ce que nous avons ressenti) au sommet du Col du Chardonnet, pour une une dernière descente sur le glacier de l'Argentière, de notre destination finale, a été une expérience intense pour nous deux. 

D'une part, bien sûr, il y avait la joie pure de "l'avoir fait", d'avoir réussi à réaliser cette idée folle qui était la nôtre, d'avoir prouvé que nous avions raison d'être ambitieux. D'autre part, à force de passer autant de temps à l'extérieur, nous nous étions habitués à ce rythme, et nous étions tous deux effrayés et quelque peu réticents à l'idée de retourner dans le monde civilisé et de reprendre notre emploi du temps habituel à temps plein.

Depuis, nous sommes de retour depuis quelques semaines déjà et nous avons tous deux réussi à reprendre notre vie quotidienne. Mais il y a bien sûr des parties du projet qui sont encore très vivantes à l'intérieur de nous. Toutes les rencontres extraordinaires avec ces personnes inspirantes qui nous ont accueillis comme des étrangers et nous ont renvoyés en voyage comme des amis, nous font sourire à chaque fois que nous y repensons. Et ils ont joué un rôle si important dans la réussite de ce voyage que nous ne pourrons jamais assez les remercier. De plus, nous travaillons actuellement sur un film, en essayant de condenser les 35 heures de video brute à l'histoire géniale qu'elles racontent.

Mais même maintenant, deux mois plus tard, je suis toujours un peu étonné quand je regarde une carte des Alpes et que je vois l'ampleur de ce que nous avons accompli. Nous avons traversé toute la Suisse à ski ! :D

Texte par Linus Langenbacher // linus.langenbacher@gmail.com // Photos: Hugo Stephen and Linus Langenbacher

Texte par Linus Langenbacher  linus.langenbacher@gmail.com 
Photos: Hugo Stephen and Linus Langenbacher

6 Stage of Massiv in Norway
6 days on the Massiv route crossing norway from north to south